vendredi 1 juillet 2011

Rescapé des inondations, attendu au peloton d’expulsion




Le 15 juin dernier, Ouafa Saadi interpellait le préfet du Var Paul Mourier pour le sensibiliser à sa situation. Depuis, pas de nouvelle. D.P.

source : La Marseillaise

par ROMAIN ALCARAZ


Les associations se mobilisent pour Lasaad Saafi qui doit se rendre mercredi au poste autoroutier de la gendarmerie du Luc, direction l’Italie.




En juin 2010, la Dracénie a été touchée de plein fouet par la catastrophe naturelle que l’on sait. Parmi les innombrables victimes se trouvait la famille Saafi, un couple tunisien avec trois enfants. Pile un an plus tard, Lasaad, le père de famille, est arrêté suite à un contrôle routier. Il ne possède pas de carte de séjour valable, et est donc placé en centre de rétention à Marseille. Un peu plus tard, cette même journée, lors de la cérémonie commémorative des inondations, sa femme, Ouafa, bouleversée, bouscule le protocole en interpellant Paul Mourier, préfet du Var. Ce dernier lui promet d’étudier son cas.

Du côté de la préfecture, il est indiqué que la demande de Ouafa Saafi ne concernait alors qu’un problème de logement. Difficile à croire quand on sait que son mari a été interpellé quelques heures plus tôt seulement… En tout cas, du point de vue de l’hébergement, « nous sommes allés au bout de toutes les procédures pour aider cette famille », assure-t-on. Et en ce qui concerne la procédure d’Obligation de quitter le territoire français (OQTF) dont fait l’objet Lasaad ? Pas de commentaire.

L’affaire entre les mains du préfet

Des trois enfants des Saafi, l’aînée est scolarisée à l’école Jean-Jaurès, à Draguignan. C’est de là qu’est partie la mobilisation : le directeur de l’école a lui-même organisé un comité de soutien, avant d’afficher une banderole dans l’école. L’association Réseau éducation sans frontières (RESF), ainsi que la Ligue des droits de l’homme (LDH) se sont également saisi du dossier. Lundi, des représentants de ces deux associations ont été reçus en préfecture par une responsable du service des étrangers. « Cette personne nous a reçus très courtoisement, nous a écoutés, avant de confirmer que c’était le préfet qui déciderait », indique François Nadiras (LDH).

Marc Brulé, toujours de la LDH, section dacénoise, confirme le rôle primordial du préfet dans l’affaire : « Aujourd’hui, si Paul Mourier décide d’attribuer un titre de séjour à Lasaad, c’est fini, il peut rester en France. » Il poursuit : « Si Lasaad avait répondu au courrier de la préfecture pour obtenir son titre de séjour, il l’aurait certainement obtenu. » En effet, même si sa demande avait été rejetée, les arguments pour retourner cette décision ne manquaient pas : Lasaad est père de trois enfants tous nés en France, marié en 2004 et vivant en France depuis 2009. Mais voilà, le courrier indiquant le refus de demande de titre de séjour, envoyé le 26 juin 2010, était adressé au logement sinistré, que la famille avait bien évidemment quitté.

Lasaad signe un PV, mais ne sait pas lire le français

Suite à l’intervention peu orthodoxe de Ouafa Saafi, la situation a certes évolué. Mais pas d’une manière franchement significative. Une chose est toutefois positive : Lasaad a été libéré du centre de rétention, et est aujourd’hui astreint à résidence. « C’est sans doute la seule clémence à laquelle il fallait s’attendre du préfet », note Marc Brulé. L’homme raconte la suite des évènements : « Quand on est assigné à résidence, il faut "pointer" au commissariat. Et au cours d’une de ces visites, Lasaad a signé un procès-verbal dans lequel il manifeste son accord vis-à-vis de sa réadmission en Italie. » Pourquoi avoir signé ce document ? On ne peut que supposer… « Il ne lit pas le français », indique toutefois Marc Brulé. De là à penser qu’il n’était pas complètement au courant du document qu’il paraphait…

La procédure de reconduite à la frontière est prévue mercredi, avec un rendez-vous au peloton autoroutier de la gendarmerie du Luc à 8h45 auquel Lasaad doit se rendre suite à la signature du PV. Alors le temps presse pour le tissu associatif. Françoise Denis, de RESF, a porté en compagnie de François Nadiras une demande de recours gracieux. « Il y a aussi des pétitions qui circulent, notamment à l’école, pour aider cette famille qui a tout perdu dans les inondations. » Une lettre ouverte au préfet est également proposée par la LDH. L’association espérait lundi que Paul Mourier « saura privilégier l’aspect humain des choses ». Réponse demain.


voir aussi :

Signer la pétition en ligne - Lassad SAAFI doit pouvoir vivre en France avec ses enfants !





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