jeudi 26 août 2010

"NON A LA XENOPHOBIE D'ETAT" le 4 septembre 2010 à 10 heures, Place de la liberté à Toulon.


La LDH du Var et de nombreuses organisations, associations , dont le RESF 83,

appellent à participer au rassemblement


"NON A LA XENOPHOBIE D'ETAT"


le 4 septembre 2010

à 10 heures,

Place de la liberté

à Toulon.


Le 4 septembre sera un grand rassemblement citoyen partout en France




source : Non à la politique du pilori

Une avalanche de discours et d’annonces provocatrices s’est abattue depuis plusieurs jours sur notre pays. Jusqu’au plus haut niveau de l’Etat, on entend des propos qui étaient jusqu’à présent l’apanage de l’extrême droite. Le président de la République, lui-même, montre du doigt des communautés et des groupes sociaux entiers, stigmatise les Roms, les Gens du voyage, les étrangers, les Français qui ne sont pas « de souche », les parents d’enfants délinquants, etc. Ce faisant, il ne lutte en rien contre la délinquance, qui est répréhensible pour tout individu sans distinction de nationalité ou d’origine : il met délibérément en cause les principes qui fondent l’égalité républicaine, alors que déjà une crise sociale et économique d’une extrême gravité menace la cohésion de la société tout entière.

En quelques jours, les plus hautes autorités de l’Etat sont passées de l’exploitation des préjugés contre les Gens du voyage au lien, désormais proclamé, entre immigration et délinquance, puis à la remise en cause de la nationalité française dans des termes inédits depuis 1945. Ce qui est à l’œuvre dans cette démarche s’inscrit dans une logique de désintégration sociale porteuse de graves dangers.

Il ne s’agit plus du débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sûreté républicaine, mais bien d’une volonté de désigner comme a priori dangereuses des millions de personnes à raison de leur origine ou de leur situation sociale. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique n’a reçu mandat de violer les principes les plus élémentaires sur lesquels la République s’est construite.

Parce que le seuil ainsi franchi nous inquiète pour l’avenir de tous, nous, organisations associatives, syndicales et politiques diverses mais qui avons en commun l’attachement aux principes fondamentaux de la République laïque, démocratique et sociale, rappelons avec force que l’article 1er de la Constitution « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion », et que toutes propositions qui méconnaîtraient cette règle fondatrice de la démocratie constituent une atteinte à la paix civile.

Nous n’accepterons sous aucun prétexte que le nécessaire respect de l’ordre public soit utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires.

Nous appelons donc l’ensemble des citoyens de ce pays à manifester publiquement leur opposition aux stratégies de stigmatisation et de discrimination et aux logiques de « guerre » qui menacent le vivre ensemble. A cet effet, nous proposerons dans les prochains jours à la signature en ligne un « Appel citoyen » refusant toute politique de la peur ou de la haine. Et nous appelons à un grand rassemblement citoyen à l’occasion du 140e anniversaire de la République, le samedi 4 septembre Place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, pour dire ensemble notre attachement à la liberté, à l’égalité et à la fraternité qui sont et qui resteront notre bien commun.

Signataires : AC ! Agir ensemble contre le chômage, Les Alternatifs, Les amoureux au banc public, Association de défense des droits de l’Homme au Maroc (ASDHOM), Association France Palestine Solidarité (AFPS), Association des Marocains en France (AMF), Association nationale des Gens du voyage catholiques (ANGVC), Association républicaine des anciens combattants (ARAC), ATTAC, Autremonde, Cedetim, Confédération française démocratique du travail (CFDT), Confédération générale du travail (CGT), La Confédération Paysanne, La Cimade, Le Cran, Droit au logement (DAL), Emmaüs France, Europe Ecologie, Fédération pour une alternative sociale et écologique (Fase), Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés (FASTI), Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS), Fédération SUD Education, Fédération syndicale unitaire (FSU), Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), FNASAT-Gens du voyage, Fondation Copernic, France Terre d’Asile, Gauche unitaire, Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI), Les Jeunes Verts, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Ligue de l’enseignement, Marches européennes, Médecins du Monde, Le Mouvement de la Paix, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le Parti communiste français (PCF), le Parti de Gauche, le Parti socialiste (PS), Réseau d’alerte et d’intervention pour les droits de l’Homme (RAIDH), Réseau Education Sans Frontière (RESF), SNESUP-FSU, SOS Racisme, Syndicat des avocats de France (SAF), Syndicat de la magistrature (SM), Union syndicale Solidaires, Les Verts.


Signez l'appel en ligne



Un covoiturage sera organisé à partir de Draguignan.

Contact et inscription au 04 94 76 10 24



vendredi 13 août 2010

"Une banalisation tranquille de la vieille xénophobie du quotidien"

Article paru dans le MONDE du 06.08.10

Le président de la Ligue des droits de l'homme, Jean-Paul Dubois, fustige la rhétorique gouvernementale sur la sécurité, mais aussi le manque d'initiatives à gauche.

"Une banalisation tranquille de la vieille xénophobie du quotidien"



Avec trente autres associations, la Ligue des droits de l'homme (LDH) appelle à un rassemblement, le 4 septembre, contre la politique sécuritaire du gouvernement et à signer une pétition "contre la xénophobie et la politique du pilori". Jean-Paul Dubois, son président, fustige la rhétorique du gouvernement, mais aussi l'inaction de la gauche.


Comment interprétez-vous le sondage IFOP disant qu'une nette majorité de Français adhère aux mesures sécuritaires proposées par Nicolas Sarkozy ?


Jean-Pierre Dubois :

Cela ne me fait pas plaisir, mais ce n'est pas une surprise pour autant. Lorsqu'on appuie ainsi sur la pédale des préjugés, c'est logique qu'ils ressortent. Ce type de discours marche à tous les coups. Beaucoup de gens sont perdus : cela fait 30 ans qu'on leur parle d'une "invasion" des étrangers. Valéry Giscard d'Estaing a employé cette expression en 1978 ! Mais parmi ces gens qui répondent "oui" aux propositions de Sarkozy, beaucoup se font avoir et changeront d'avis.

Vous appelez à manifester le 4 septembre contre les mesures du gouvernement. Ce sondage vous fait-il craindre pour le succès de ce rassemblement ?

Jean-Pierre Dubois :

Nous avons l'habitude. Pendant la guerre d'Algérie, la LDH se battait contre la torture, alors que 80 % des Français y étaient favorables. C'est vrai qu'il y a une "lepénisation des esprits", pour reprendre les termes de Robert Badinter. C'est le résultat d'un sale travail, fait par des gens qui, je l'espère, doivent avoir du mal à se regarder dans la glace. On est dans un paradigme qui consiste à répondre systématiquement "il faut taper, il faut exclure".

Y a-t-il un échec du Parti socialiste à répondre aux questions de sécurité ?

Jean-Pierre Dubois :

Il est certain que pour le moment, la gauche n'a rien à dire sur la délinquance, sinon "on a été naïfs" ou "on ne sait pas quoi faire". En privé, des dirigeants de gauche n'hésitent pas à admettre que la droite est meilleure sur ces questions, ce n'est pas normal ! Les socialistes ont trop surfé sur l'opinion au lieu d'avoir de vraies initiatives. Il faut dire la vérité sur la délinquance en banlieue.

Ce que disent les gens réalistes sur ces questions, ce n'est pas non plus ce que dit la droite. La vérité, c'est que nous avons échoué. Et qu'il faut réfléchir aux raisons de la violence, de la délinquance. Ce n'est pas être angéliste que de dire cela, c'est tout simplement garder les yeux ouverts. On ne peut pas taper sans cesse sur les effets sans se pencher sur les causes. L'opposition devrait revenir aux réalités sur ces questions. La gauche a perdu les quartiers populaires depuis les années 1980.

Peut-on parler d'une remontée de la xénophobie en France ?

Jean-Pierre Dubois :

C'est difficile à dire, les choses sont plus contrastées. Il n'y a pas de vague raciste, mais une hausse du fait d'assumer tranquillement le fait de ne pas aimer telle ou telle catégorie de population. C'est le retour du langage de Dupont-Lajoie. Il faut dire que cette rhétorique est présente au sommet de l'Etat.

Nous avons un gouvernement de beaufs, avec un langage de beaufs, à l'instar de Brice Hortefeux qui nous dit tranquillement que c'est vrai que les gens du voyage ont de grosses Mercedes, comme s'il était au comptoir du bar du coin. On ne risque pas une explosion raciste, mais une banalisation tranquille de cette vieille xénophobie du quotidien. Et les politiques et les intellectuels en porteront la responsabilité