dimanche 9 mai 2010

Expulsés vers le Kosovo avec leur enfant handicapé

Le Républicain-Lorrain

le 05/05/2010

"Le quartier de la rue de Nancy à Valmont est sous le choc. Lundi soir, une vaste opération de gendarmerie a été menée pour expulser des sans-papiers dont un ado en fauteuil roulant. L’avion est parti dès hier pour les Balkans.

Invariablement, c’est le même témoignage : « C’était des gens si discrets, si gentils, sans problème. »

Nous sommes à Valmont, dans la périphérie immédiate de Saint-Avold, et les habitants de la rue de Nancy se rappelleront longtemps de la soirée du lundi 3 mai 2010. Il est un peu plus de 20 h lorsqu’une vingtaine de gendarmes et d’hommes de la police des airs et des frontières débarquent sans crier gare dans cette cité faite de petits collectifs aux couleurs défraîchies. Le commando investit le bloc n°4. Tandis que le quartier est proprement bouclé, les militaires, tous armés, frappent à la porte d’un appartement du premier étage. La famille Vrenezi vit là depuis un an environ. Auparavant, elle avait tenté de survivre dans la région messine. Ce sont des Kosovars et ils sont sans-papiers. Le peloton d’intervention est là pour les interpeller, tous, les deux adultes et les trois enfants âgés de 12 à 18 ans. La préfecture a donné les instructions pour les ramener jusqu’au centre de rétention de Metz. L’affaire avait été minutieusement préparée car les choses se sont ensuite précipitées à vitesse grand V. Dès hier matin, la famille était mise dans un avion en partance pour le Kosovo.

La détresse dans les yeux

Cette expulsion éclair a énormément choqué les riverains de la rue de Nancy. D’abord parce que M. et Mme Vrenezi étaient venus en France pour soigner l’un de leur fils, atteint d’une maladie génétique et cloué dans un fauteuil roulant.

« Nous sommes révoltés par ce que nous avons vu lundi soir, c’était sans cœur, pas digne. Ces gens essayaient de s’intégrer, ils disaient toujours bonjour. Les adultes apprenaient le français avec l’aide de leurs enfants. Nous voulons faire une pétition mais il est sans doute déjà trop tard », regrettent les époux Ferey, qui habitent l’immeuble en face.

Joëlle Lang vit juste au-dessus de l’ancien appartement des Vrenezi : « On avait l’impression d’une opération pour trouver des terroristes et ils ont simplement pris cette famille qui n’a opposé aucune résistance. L’administration nous dit que le Kosovo n’est plus en guerre mais c’est bien la prison qui les attend là-bas. Et ce gosse handicapé, que va-t-il devenir ? »

Ailé Ozdilek est encore bouleversée. Cette voisine de palier a assisté, minute par minute, aux événements de lundi soir.

« J’ai ouvert ma porte et j’ai vu tous les gendarmes dans la cage d’escalier. Deux d’entre eux étaient déjà dans l’appartement. Quand ils ont fait sortir la maman et les enfants, j’ai voulu les embrasser, leur dire au revoir. Les gendarmes n’ont pas voulu mais je l’ai fait quand même. Leur petit pleurait. Et on a tous fondu en larmes. Nos enfants jouaient ensemble. On s’entendait bien. Avec mon mari, on envisageait même d’embaucher M. Vrenezi dans notre entreprise de crépis. Cette détresse dans leurs yeux, je n’oublierai jamais. » Valérie Halter, directrice de l’association Horizon, qui gérait le dossier de ces Kosovars à la demande de la Ddass, a également été prise au dépourvu : « Cela a été extrêmement rapide. Ces gens avaient fait une demande d’asile qui avait été refusée. En dépit d’un recours, ils faisaient l’objet d’une obligation de quitter le territoire français. L’enfant handicapé venait d’être accepté en institution, nous pensions que c’était bon signe. Hélas… » Chez les gendarmes, on se montre très peu prolixes sur les détails de la sortie de lundi, renvoyant à une décision préfectorale. En préfecture, on confirmait hier le retour dans les Balkans de toute la famille, sans plus de commentaire. La politique envers les clandestins se durcit en Moselle. Cette affaire de Valmont arrive quelques jours après une interpellation de Bosniaques déjà sujette à polémique à Thionville."

Stéphane MAZZUCOTELLI.

Publié le 05/05/2010

http://www.republicain-lorrain.fr/fr/region/article/3086978/Expulses-vers-le-Kosovo-avec-leur-enfant-handicape.html


Expulsion d’un enfant polyhandicapé :

l’APF et RESF scandalisés !


C’est par le biais de l’association RESF que l’APF a appris l’expulsion de la famille par avion le lendemain matin, mardi à 10h. Toute la procédure d’expulsion avait été organisée à l’avance puis exécutée dans la précipitation afin que l’expulsion passe inaperçue et ne soulève pas des vagues de protestation, légitimes au regard de l’état de santé de l’enfant.


L’APF, en tant qu’association gestionnaire d’établissements et services, mais aussi en tant que mouvement revendicatif des droits des personnes en situation de handicap et RESF en tant que réseau militant contre l’expulsion des sans-papiers jugent lamentable l’expulsion de ce jeune polyhandicapé. L’état de santé d’une personne malade et la nécessité de soins quotidiens importants ne peuvent pas passer au second plan, derrière une politique gouvernementale qui consiste à « faire du chiffre » en matière d’expulsions.




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